Je me suis cramé le petit doigt...

Aujourd'hui, parlons vite mais bien. C'est dimanche, il faut arriver à attraper les petits morceaux de beau temps entre les nuages, et comme en plus tout le monde va aller voter, pas de temps à perdre!
La recette-express d'aujourd'hui concerne donc notre amie la rhubarbe (souvenez-vous, le marqueur du printemps qui ne voulait pas pointer le bout de son nez, nous condamnant à manger de la tarte au chaource. Triste vie.). La rhubarbe, donc, est un pétiole formidable! eh oui, sortons donc du débat stérile fruit ou légume, la rhubarbe est un pétiole pour les botanistes, la petite-tige-à-la-base-de-la-feuille pour les autres. Un pétiole un peu hypertrophié, on en conviendra, mais un pétiole quand même. Bon, la rhubarbe n'est pas très clémente avec les apprentis botanistes, puisque pour nous induire en erreur, outre des pétioles surdimensionnés, elle a la bonne idée d'avoir des tiges souterraines ; non non, pas des racines, des tiges souterraines, connues sous le doux nom de rhizome.
On récapitule donc la morphologie de la rhubarbe : des tiges souterraines, avec des feuilles à pétiole géant qui sortent directement de terre. Une plante tout à fait sympathique, en somme (mis à part le fait que les feuilles en sont toxiques - Wikipedia nous apprendra que c'est lié à leur teneur en acide oxalique - mais arrêtons donc là les parenthèses botaniques, pour nous concentrer sur la partie essentielle : manger (et puis il faut toujours aller voter et préparer le gigot-haricots du dimanche midi, alors on fait vite!). J'ai perdu le compte des parenthèses, vous m'excuserez si elles ne sont pas toutes refermées.

Beaucoup de personnes trouvent la rhubarbe trop acide et pas très funky. Heureusement pour vous, tristes amis déçus par la rhubarbe, j'ai la solution : les bâtonnets de rhubarbe confits! Ne fuyez pas en courant en craignant des instructions longues et complexes de confiserie, ici pas de souci du genre "le sucre a-t-il atteint 143,79°C?", c'est bête comme chou!
Ce sont de petits bâtonnets macérés à froid dans le sucre : sans cuisson, la rhubarbe reste très croquante, et vu le taux de sucre, pas trop acide!

On peut utiliser ces bâtonnets pour toutes sortes d'utilisations : Guillaume Long, qui nous a permis de découvrir cette recette, suggère de les utiliser dans des salades de fruits, ou poêlés avec du foie gras.
On peut aussi les manger avec du yaourt ou du fromage blanc, sur des toasts sucrés-salés (fromage de chèvre frais - rhubarbe - graines de nigelle, délicieux!), les ajouter à n'importe quel dessert pour donner un peu de peps, ou les manger tout seul comme ça au milieu de la nuit directement dans le pot... les possibilités sont infinies!
Et comble de joie, pour une recette, vous obtenez deux ingrédients, puisque le sirop peut aussi être utilisé dans plein de préparations : pour réaliser un thé glacé ou une boisson rafraichissante, pour imbiber un gâteau, sur du yaourt ou du fromage blanc... et dans tous les cas ou presque où vous auriez utilisé du sirop d'érable ou du miel!

Allez, assez parlé, courez vite éplucher deux ou trois tiges de rhubarbe avant de vous mettre à votre dimanche très occupé! Bon vote et bon gigot!
Rhubarbe confite et croquante en bâtonnets
recette inspirée d'A boire et à manger, de Guillaume Long

- 2 ou 3 tiges de rhubarbe, selon la taille de votre pot
- un pot trop petit
- du sucre en poudre
- facultatif : gousses de vanilles déjà utilisées

- Lavez puis pelez les tiges de rhubarbe. Pour ça, pas besoin d'y passer des heures ni d'en enlever la moitié, il suffit de faire une petite entaille à l'extrémité de la tige (pardon, du pétiole) et de soulever les premières fibres : le reste de la pelure vient tout seul.

- Coupez les tiges de rhubarbe en petits bâtonnets (je les coupe de la taille d'une grosse allumette, mais vous pouvez aller jusqu'à "très grosse allumette" sans problème). Vous allez voir, c'est très apaisant comme moment : vous, la rhubarbe, un fond musical ou radiophonique...

- Placez les petits bâtonnets dans un bocal au fur et à mesure que vous les coupez. Vous allez voir, si vous avez bien suivi les instructions et pris un pot trop petit, ça ne rentre pas. Versez donc un peu de sucre en poudre par dessus, secouez un coup, et continuez à couper tranquillement. Au bout de quelques minutes, la rhubarbe va rendre de l'eau et, vous allez retrouver votre pot à moitié vide! Continuez à remplir jusqu'à épuisement de la rhubarbe, arrosez à nouveau de sucre, et gardez dans un endroit frais quelques heures.

- Les bâtonnets vont rendre de l'eau qui va former un sirop avec le sucre : utilisez les bâtonnets et le sirop, ensemble ou séparément! Le pot se garde quelques jours sans problème au frigo.
- Facultatif : le frère a récemment eut une formidable idée (ça lui arrive) : ajouter des gousses de vanille déjà utilisées! D'ailleurs, si vous avez l'habitude de jeter vos gousses de vanille une fois infusées, arrêtez tout! Une recette encore plus simple que celle qui précède : séchez-les et mettez-les dans un bocal rempli de rhum : ça vous fera un délicieux extrait de vanille-rhum arrangé, à utiliser dans les gâteaux. Et les gousses de vanille ont tellement de parfum à l'intérieur d'elles, qu'on peut les utiliser une troisième fois en les mettant dans la rhubarbe : deux ou trois gousses pour un gros bocal, en troisième main, suffisent largement à parfumer le sirop de rhubarbe... ça aurait été dommage de jeter toute cette vanille, non?

Recette précédemment publiée sur le blog du jardin d'insertion ACR