mardi 25 novembre 2014
Aaah, le boudin noir! Rien qu'à ces mots, je pense que la moitié de mon lectorat (déjà restreint) est partie en courant... Et pourtant, je ne vous ai même pas encore raconté comme j'ai mangé du groin de porc et de la langue d'agneau qui étaient absolument exquis!
Avec le boudin, on reste donc très sages : une simple spécialité culinaire à base de sang et de graisse de porc ainsi que de condiments, qui peut également être réalisée à partir de sang de chèvre ou de mouton. Vous voyez, tout va déjà mieux!
Le boudin a en plus une longue histoire derrière lui, puisqu'il aurait été inventé par le brave Aphtonite, cuisinier grec de l'Antiquité. Nous pouvons donc chaleureusement le remercier, lui ainsi que tous les amateurs de boudin à travers les âges, qui ont permis que cette belle charcuterie arrive jusqu'à nous.
Autrefois, le boudin était un produit saisonnier ; une fois par an, avant Noël (quand ils sont bien gras et que la viande est facile à conserver), les cochons étaient égorgés et transformés en tout un tas de choses délicieuses avec l'aide du voisinage et de la famille. On salait, on fumait, on faisait des terrines et autres saucisses pour conserver la viande le plus longtemps possible. Tout le monde était ensuite invité aux traditionnels "repas boudins" où l'on mangeait ce qui se conservait le moins bien : les tripes et, bien sûr, le sang (sous forme de boudin, si vous suivez).
Aujourd'hui, on tue des cochons et on mange du boudin toute l'année (douce époque), et l'on n'a plus le droit d'égorger son cochon dans son jardin pour faire une boudin party endiablée (triste époque).

Malgré l'apparente uniformité de la chose ("aux oignons ou aux pommes?"), il existe de multiples déclinaisons régionales du boudin : pour les plus intéressés, je vous laisse aller consulter le formidable document du centre d'information de la charcuterie dédié aux boudins. Personnellement, le boudin du Sud-Ouest, ou galabart, composé de sang, de têtes de porc entières avec couenne et de langue, de poumon et de cœur m'émeut profondément. La rencontre du boudin et du haggis, en quelque sorte.

Maintenant que vous savez tout sur le boudin, passons-donc en cuisine. Boudin et pommes, tout le monde est d'accord. Tarte tatin aux pommes fait également l'unanimité. Il n'en faut pas plus pour passer à l'étape supérieure, la tarte tatin au boudin et aux pommes.
La règle de la transitivité en cuisine n'étant pas toujours respectée, un doute subsistait sur la pertinence de l'association (par exemple, si poisson+citron fonctionne et que tarte+citron est fantastique, j'ai comme un doute sur une tarte au citron et au poisson...).
Dans tous les cas, ratée ou réussie, cette recette avait sa place ici. Et joie, c'est une réussite (ça fait d'ailleurs longtemps qu'on n'a rien vu de raté par ici...).
Et, si la tarte tatin vous fait  peur, ne tremblez plus, cette recette est ultra simple* : 4 ingrédients, et les savoirs-faire requis sont de couper des pommes et d'allumer un four... ça ira?
* sous réserve de ne pas faire votre propre pâte feuilletée - ce qui n'est pas si dur que ça, en vrai.
Tarte tatin au boudin noir et aux pommes
- une portion de boudin noir aux oignons pour 2-3 personnes (environ 300 g)
- une pâte feuilletée (un jour, le Frère vous expliquera la pâte feuilletée maison, vous verrez ce n'est pas si dur! en attendant, une pâte feuilletée achetée chez votre boulanger sera très bien, celle de Picard est très bonne aussi. A défaut, le supermarché marche aussi, mais dans ce cas-là, il vaut mieux la choisir pur beurre).
- 3 belles pommes
- un peu de beurre, un peu de sucre (vous pouvez utiliser du sucre non raffiné, type muscovado, si vous en avez)

- Commencez par éplucher et couper les pommes en quartiers. Faites fondre un peu de beurre dans une poêle, et faites dorer doucement les quartiers pendant environ 5 minutes. Ajoutez un peu de sucre  (environ une cuillère à soupe) et laissez caraméliser quelques minutes de plus.
- Quand les pommes ont une jolie couleur dorée, retirez-les du feu (attention, elles doivent encore être bien fermes). Saupoudrez un petit plat à tarte (~25 cm de diamètre) avec une cuillère à soupe de sucre, en veillant à ce qu'il soit réparti de manière homogène : c'est ce qui va permettre aux pommes de bien caraméliser et de créer ce fameux aspect "tarte tatin".
- Disposez soigneusement les morceaux de pommes au fond du plat. Pensez que c'est le fond qui va se retrouver sur le dessus. Il est vivement conseillé d'écouter une bonne émission de France inter pendant cette opération.
- Préchauffez le four à 180°C.
- Éventrez le boudin et récupérez l'intérieur. Ajustez éventuellement l'assaisonnement en le poivrant un peu.
- Recouvrez les pommes avec une couche homogène de boudin.
- Déposez la pâte feuilletée dessus ; elle doit être légèrement plus grand que le plat, pour pouvoir passer un peu sous les pommes sur les bords, comme on borderait un lit.
- Faites cuire cette jolie tarte environ 25 mn. Démoulez tout de suite avec soin. Normalement, vos pommes ne devraient pas complètement survivre à cette opération et prendre un air de champ de bataille. Heureusement que vous avez écouté une émission de France Inter, vous n'avez pas complètement perdu votre temps...!
- Arrangez les pommes comme vous pouvez et servez bien chaud avec, par exemple, une belle salade verte.


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